Viens voir ma chambre

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Ce billet a initialement été publié dans ma newsletter de novembre 2023.

« On photographie les objets pour les chasser de son esprit. »

Frantz Kafka

La nuit qui a précédé l’écriture de cette newsletter, j’ai fait un rêve un peu trop réaliste. Le genre de rêve qui engendre de la déception au réveil. Contexte : j’habite une maison un peu atypique. Le rez-de-chaussée est semi-enterré, il ne réunit que l’entrée et le garage. On entre donc depuis la rue et il faut tout de suite monter l’escalier pour accéder aux pièces de vie. On va au jardin depuis la cuisine, il est donc plus haut que la rue. Les chambres sont encore un étage au-dessus mais ça, on s’en fout. Je ne me sers pas de mon garage pour y mettre la voiture parce qu’il est impossible de manœuvrer, la rue est toujours blindée et tout le monde se gare trop près les un·es des autres, c’est insupportable. En revanche, l’espace sert à stocker deux vies entières de tout un tas de saloperies, avec en plus une chaudière de 1986 (qui fonctionne, oui), la machine à laver et ma lampe à ultraviolets pour insoler mes cyanotypes. Je l’ai mise loin de tout parce qu’elle fait tic-tac, vous-mêmes vous savez. Ça fait longtemps que j’ai envie d’upgrader le garage pour en faire une vraie pièce, j’imagine assez bien un truc entre la chambre d’ami·e et le bureau, je pourrais même faire une deuxième salle d’eau parce que j’ai la tuyauterie nécessaire. Dans mon rêve de cette nuit, j’ai fait mieux que ça.

J’ai transformé le garage en studio photo. Pour ce faire, j’avais emprunté sans problème 50K€ à la banque et tout était propre, blanc, immaculé. J’avais à cœur de rendre les lieux accessibles à tou·tes, les espaces étaient bien définis, il y avait une plaque avec mon nom et “Le Lucidoscope” sur la façade de la maison. J’avais une énorme chambre photographique qui était la pièce centrale et c’est normal, c’était le but de l’opération, et j’avais embauché une jeune étudiante à laquelle je lançais : “Ah ! T’es quand même mieux ici que chez McDo !

Un délire mégalomane, ni plus ni moins. Mais tout de même, je me suis réveillée déçue. Mon côté nihiliste laisse une petite place à une partie de moi qui croit que mon rêve était un aperçu d’une vie parallèle.

La vérité, c’est que je rêve de faire ce que d’autres gars font déjà très bien, prendre le portrait des gens comme au XIXe siècle. Vous avez peut-être déjà croisé Enzo Lucia sur les réseaux sociaux ou via son studio ambulant. Originaire de Chalon-sur-Saône comme ce bon vieux Nicéphore Niépce, Enzo Lucia se sert d’une chambre et de la technique du collodion humide pour vous photographier. Vous pouvez d’ailleurs prendre rendez-vous au Studio Tintype & Ambrotype au 13 rue du Temple, à Chalon-sur-Saône.

Aux États-Unis, à Phoenix (Arizona), il y a le studio Silver and Cedar, tenu par Matthew Stella. Spécialisé dans le ferrotype, on vous tire également le portrait comme au XIXe siècle. Je le suis sur Instagram et TikTok, le plaisir est toujours intact après chaque visionnage d’un développement.

Dès 1835, le daguerréotype a eu un succès fou, bien qu’auprès des populations aisées, mais on s’est assez vite mis à la recherche de procédés photographiques plus rapides et moins coûteux. L’ambrotype, dont le brevet a été déposé en 1854, a ainsi pris sa suite. On appliquait du collodion sur une plaque de verre et on obtenait une image en quelques secondes. Et puis le ferrotype (ou tintype en anglais), inventé en même temps, a pris la place du précédent au fil du temps car il permettait d’aller encore plus vite encore moins cher avec la même technique mais sur une plaque métallique comme de la tôle.

Bref, peut-être que j’en ferais un jour. En attendant, je fais mes petits cyanotypes bleus et si je veux leur donner une gueule de daguerréotype/ambrotype/ferrotype, il suffit que je les laisse un peu tremper dans le café (ce sera le sujet d’une autre newsletter).

D’ailleurs, les fêtes approchent à grands pas… Je ne suis pas présente sur les marchés mais ça viendra peut-être un jour. Du coup, la seule façon d’obtenir un tirage cyanotype de mon cru est de commander sur mon site. Les délais sont rapides, je me mets à tache immédiatement. De plus, il y a un code promo pour la livraison gratuite à La Roche-sur-Yon (il suffit de m’écrire pour l’obtenir). Alors si vous souhaitez faire un cadeau à la fois original et artisanal, je vous invite à faire un tour dans ma boutique. En plus vous soutenez mon travail et ça me permettra peut-être un jour d’investir dans une chambre…

Photo d’illustration : Sacha T’Sas

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