Manif du 8 mars à Nantes

Plus les années passent et plus j’ai en horreur la date du 8 mars. Ce n’est pas la faute de son flocage de journée internationale des droits des femmes, c’est celle du capitalisme, du marketing, de l’humour à la petite semaine, de la flemmardise et de l’ignorance (les deux derniers points sont parfois liés). Il m’est tout à fait insupportable, et le mot est faible, d’avoir un contact bref ou prolongé avec des actions minables, qu’elles proviennent d’un quelconque milieu professionnel ou du premier quidam quand cette journée a pour but de sensibiliser aux droits des femmes. Cela dit, pour le bien de ma santé mentale, je suis passée en mode flemme. J’estime qu’il existe suffisamment de ressources dans notre société pour permettre aux gens de se renseigner. Je ne délivre mes pensées qu’auprès de mes connaissances et je ne m’associe pas aux réfractaires. Quand j’ai le temps et la motivation, je n’hésite pas à laisser un commentaire salé sous la publication (qu’importe le réseau) d’une entreprise locale qui veut célébrer la journée sur un ton léger. L’agence d’une compagnie d’assurance, par exemple. L’aspect local est important ici parce que jamais plus je ne me lancerai dans des débats foireux à grande échelle. D’une part parce que je ne débat pas avec un système d’oppression quel qu’il soit, d’autre part parce que ça ne sert à rien. Sur le plan local, c’est différent. Les gens réfléchissent. Pas toujours comme il le faudrait mais dans l’exemple qui nous occupe ici, la publication a finalement été supprimée. Il n’y a pas de petit militantisme.

Plus j’avance dans la vie et plus je me radicalise, je n’ai pas peur d’employer ce terme bien qu’il soit aussi utilisé par une branche de militantes transphobes. Moi, je me radicalise plutôt contre ces dernières. Et aussi contre tous les systèmes d’oppression. Je crois en la convergence des luttes, le féminisme ne doit pas être l’apanage d’une bourgeoisie blanche. Je ne lâcherai jamais le morceau, quitte à me fâcher avec des proches (c’est déjà arrivé et ça a toujours porté ses fruits, quels qu’ils soient). Je suis aussi un être humain avec ses faiblesses, ses contradictions et ses propres problèmes mais on avance, beaucoup trop doucement à mon goût mais on avance. On recule aussi, c’est un immense problème et il est facile de perdre espoir, d’être fatigué·e. Je suis allée manifester avec mes adelphes dans l’après-midi du 8 mars, à Nantes, c’est à côté. À La Roche-sur-Yon, je ne me retrouve pas toujours dans les actions féministes mises en place même si elles ont le mérite d’exister. Je ne suis d’ailleurs affiliée à aucune association (ce qui ne m’empêche pas d’en soutenir sur le plan moral, un jour financier je l’espère, comme le Planning Familial par exemple) ni aucun parti politique (comprendre ici que je n’ai de carte nulle part et ne milite avec aucun d’entre eux, je ne suis pas apolitique et je crois qu’il n’est pas possible de l’être à moins d’être inconscient·e).

J’ai d’abord voulu participer à la manif de Nantes pour prendre des photos, j’ai trouvé important d’immortaliser mes adelphes dans un but de souvenir, pour se rappeler que nous sommes ensemble et beaucoup à regarder dans la même direction dans un contexte politique et sociétal qui s’assombrit. Être là, avec toutes ces personnes, a décuplé ma joie et mon bien-être pour toutes les raisons sus-citées. Je m’en suis rendu compte une fois sur place, moi qui reste en marge des foules d’ordinaire. Il ne m’arrive que très rarement de me sentir à ma place, à cet instant j’étais chez moi. Je partage donc avec vous mon reportage photo, aussi modeste soit-il.

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