La semaine dernière, j’ai assisté au live YouTube des photographes Thomas Hammoudi et Julia Guérin qui avaient décidé de rendre le moment golri en matant les premières photos « ratées » de photographes confirmé·es acceptant de jouer le jeu. L’idée était de percevoir le chemin parcouru tout en prenant conscience des défauts visibles, des idées reçues, des modes du moment, et non pas de se moquer, il n’était d’ailleurs pas question de juger les images de photographes débutant·es. Moi, je ne connais pas vraiment mon niveau. J’ai commencé la photo quand j’étais enfant mais cela devient-il une affaire sérieuse quand on se professionnalise ? Au collège, j’ai eu des cours de cinéma qui m’ont beaucoup servi, surtout pour gérer mes compositions. Je ne suis pas devenue une grande cinéphile pour autant et j’ai photographié un paquet de merdes au fil des années mais je n’ai jamais, strictement jamais, arrêté de faire des images.
Alors, quand devient-on photographe confirmé·e ? Quand on est incollable sur le matériel ? Mais l’est-on vraiment un jour ? Parce que moi, je ne fais pas d’effort particulier en la matière. Est-ce quand on obtient son numéro Siret ? J’ai obtenu le mien en 2019. Ou bien est-ce quand des personnes que l’on n’a jamais rencontrées apprécient notre travail, voire l’achètent ? La question est philosophique.
La photo, c’est une progression constante, tout le monde passe par la faute de goût à un moment donné. On ne sera pas compris·es ni apprécié·es par la planète entière et c’est tant mieux. Les images que j’expose ici me plaisent plus que bien, elles me plaisent beaucoup, j’ai mis du temps à les sélectionner. J’ai bien fait de prendre ce temps parce que quand je regarde ces photos, elles provoquent des émotions en moi et je pense qu’elles racontent quelque chose. C’est une phrase un peu bullshit mais elle n’est pas moins vraie. On met du perso dans toute création. Et peut-être que dans dix ans, je rirai de la vacuité de mon travail. Mais peut-être pas.
Tout ce blabla pour introduire la séance photo grossesse que j’ai réalisée chez des gens que je connais bien, Emilie et Romain. C’est la deuxième fois qu’iels me servent de modèles et c’est chaque fois un honneur de partager un bout d’intimité, j’espère en être digne.
J’aime le reportage et je crois que cette approche peut s’appliquer à plein de choses, la séance grossesse en fait partie. Je pratique la photo de rue depuis un moment, ça ne fait pas de grande différence dans une sphère plus intime. Avec ce thème en particulier, plusieurs types d’images ne me conviennent pas du tout, ça ne me parle pas voire me gêne. Je n’aime la mise en scène que dans une certaine mesure. Je force un peu le destin, je dirige, fais poser un peu et compose aussi avec les volontés des modèles tant que les limites de personne ne sont dépassées.
Je vous présente donc cette séance grossesse avec Emilie et Romain (et Vvica). Je suis venue avec mes idées et mon style, iels avaient quelques idées aussi et tout s’est bien passé, entre reportage, poses plus classiques et quelques rattrapages en post-traitement. J’ai conscience que c’est perfectible mais je sais que je vais dans la bonne direction.

Nous sommes un mois avant le terme et Emilie m’a confié qu’elle a rempli son congélateur de ses desserts préférés car elle sait pertinemment qu’elle aura bien trop la flemme de cuisiner une fois qu’elle aura accouché. Elle se régale ici de son excellent cheesecake à la mangue.



Vvica (prononcé Wica) a participé à la séance car, d’une part, c’est normal, et, d’autre part, Emilie et Romain sont famille d’accueil pour l’association LA CAPE qui forme des chiens d’assistance confiés à des personnes qui souffrent d’un stress post-traumatique. Il se trouve que Vvica est une chienne terriblement mignonne (c’est encore un bébé qui aime la sardine séchée).


