Instagram me saoule. Je me focalise autant sur ce réseau parce que je suis photographe, je prends des photos de manière professionnelle et personnelle, je suis du genre à photographier tout et n’importe quoi parce que tout me semble important, joli, intéressant, mémorable, que sais-je, j’ai toujours une bonne raison. Instagram a sensibilisé le monde à la photographie du quotidien et bien des utilisateur·rices ont été moqué·es pour avoir pris des photos dites sans intérêt, l’exemple le plus marquant étant le cliché du plat que l’on s’apprête à manger. Se foutre de la gueule du monde pour n’importe quel prétexte est un sport (inter)national et il faut regarder au-delà. Moi, je dis que les archéologues du futur vous remercieront. Mon métier me fait évoluer dans la photographie ancienne en particulier, j’estime donc que la photographie est un outil de mémoire (entre mille autres buts). Elle a une vocation documentaire et ledit documentaire peut lui-même avoir une vocation personnelle, journalistique au sens intime du terme. Instagram a permis de partager sa vision personnelle des choses. Du moins les premières années puisque l’influence et la standardisation de la matière ont pris le dessus et j’ai déjà lu çà et là des gens s’étonner que l’on poste ses photos de vacances sur Instagram. Pour certain·es, la dimension personnelle a disparu, voire n’a jamais existé, et c’est triste. Nous devrions pouvoir cohabiter entre artistes, influenceur·ses, professionnel·les de tout style et personnes qui n’ont rien à vendre sans forcing permanent.
J’aimais l’organisation des images sur Instagram. Mais avec mon blog, je n’attends plus un potentiel succès. J’écris assez peu en fonction du SEO (j’ai été rédactrice web) même si j’ai peut-être tort, et j’ai l’occasion de me détacher de l’émotion négative que peut provoquer une image qui n’est pas assez likée. Je continue de produire pour les autres car, ne nous voilons pas la face, on publie sur Internet pour quelqu’un, mais on se détache aussi des algorithmes. Je suis consciente des problèmes que ça pose mais comme je n’ai jamais été personne, ça ne change pas grand chose. Je conserve ainsi mon libre arbitre.
J’en profite pour partager une série de photos. J’en ai déjà publié quelques unes sur mes réseaux mais leur place est ici avant tout, je veux reléguer Instagram au second plan.
J’habite sur un boulevard d’une longueur d’un peu plus d’un kilomètre qui est bordé de tilleuls d’un côté comme de l’autre. Beaucoup de tilleuls. Je les adore, ils sont magnifiques et gigantesques, par conséquent ils apportent tous les avantages des arbres de cette envergure. Seulement voilà, ils doivent être élagués tous les trois à cinq ans. Le chantier se déploie en début d’année, avant la nidification, et dure deux à trois semaines. Les arbres ne sont donc plus du tout feuillus la première année et, si c’est nécessaire et que la vue est dégagée, eh bien ça crève le cœur un peu quand même. Je vis ici depuis douze ans mais je travaille à domicile depuis moins longtemps, je n’avais donc jamais trop fait attention aux travaux passés avant cette année. Les tilleuls de mon boulevard ont été élagués dès fin janvier et j’ai profité de l’occasion pour photographier les ouvrier·es depuis ma fenêtre. J’ai ainsi passé une heure complète à les regarder travailler et je ne me suis pas ennuyée une seconde. J’ai aimé observer leur organisation dans leurs compétences et leur vigilance toute particulière. Tronçonneuse à la main, casques et chaussures de sécurité, nacelle et broyeuse, rien de bien délicat en apparence et pourtant iels ont coupé branche après branche avec méthode et méticulosité, je comprends bien pourquoi le chantier a duré aussi longtemps.







