Un gentleman à Moscou, d’Amor Towles

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Cet automne, j’ai acheté un livre qui était posé là parmi d’autres mais qui m’a sauté aux yeux grâce à sa magnifique couverture noire et dorée au style art déco. Le titre m’a plu, la quatrième de couverture aussi, je suis donc repartie avec.

Au début de ma lecture, j’ai fait une erreur. Je me suis plainte des cent premières pages sur Twitter. J’ai dit que c’était super chiant. J’ai dû prendre peur, je ne me suis pas suffisamment laissée aller, j’ai peut-être eu du mal à entrer dans l’histoire, je ne sais pas ce qui s’est passé parce qu’Un gentleman à Moscou d’Amor Towles est un roman parfait.

Quatrième de couverture

Au début des années 1920, le comte Alexandre Ilitch Rostov, aristocrate impénitent aux manières aussi désuètes qu’irrésistibles, est condamné par un tribunal bolchévique à vivre en résidence surveillée dans le luxueux hôtel Metropol de Moscou, où le comte a ses habitudes, à quelques encablures du Kremlin. Acceptant joyeusement son sort, le sémillant comte Rostov hante les couloirs, salons feutrés, restaurants et salles de réception de l’hôtel, et noue des liens avec le personnel de sa prison dorée – officiant bientôt comme serveur au prestigieux restaurant Boyarski –, des diplomates étrangers de passage – dont le comte sait obtenir les confidences à force de charme, d’esprit, et de vodka –, une belle actrice inaccessible – ou presque –, et côtoie les nouveaux maîtres de la Russie soviétique. Mais, plus que tout autre, c’est sa rencontre avec Nina, une fillette de neuf ans, qui bouleverse le cours de sa vie bien réglée au Metropol.

Trois décennies durant, le comte vit retranché derrière les grandes baies vitrées du Metropol, microcosme où se rejouent les événements politiques de l’URSS.

Contexte historique

Suite à la révolution de 1917, la famille impériale a été fusillée l’année suivante et il n’était plus bien vu d’être aristocrate (ça nous rappelle des trucs…). En lisant ce roman, j’avais un peu peur d’une prise de position impérialiste et anticommuniste (l’auteur est américain) mais ma crainte était infondée. Aucune opinion ne transparaît, c’est juste une histoire excellement racontée et basée sur une documentation solide. L’hôtel Metropol est réel et on apprend bien des choses sur le fonctionnement de l’URSS (en place de décembre 1922 à décembre 1991).

Le comte Rostov est un chic type

L’intrigue est donc centrée sur le comte Alexandre Ilitch Rostov, depuis sa condamnation le 21 juin 1922 jusqu’en 1954, un an après la mort de Staline. C’est un personnage incroyable qui accepte son sort sans discuter. Il est condamné à perpétuité à l’âge de 32 ans pour avoir écrit un poème antirévolutionnaire. La résidence surveillée dans un hôtel de luxe, quoique dans une chambre de 9 m² et non plus dans sa suite habituelle, est évidemment moins difficile qu’un camp de travail forcé. Il n’est pas rebelle et agit selon les codes de son ancienne classe sociale, c’est un homme élégant et profondément gentil. C’est un huis clos et pourtant on assiste à la transformation totale, sociale et politique, de la Russie. Pour ce faire, Amor Towles, formidablement traduit par Nathalie Cunnington, manie une plume fine et gracieuse, avec de l’humour, à l’a manière d’un dandy, ce qu’est aussi le comte Rostov.

Du coup, faut-il lire Un gentleman à Moscou, resté 57 semaines dans la liste des best-sellers du New York Times ? Absolument. J’ai adoré ce roman, j’ai râlé pour rien et je suis d’autant plus contente qu’une adaptation télévisée est prévue et c’est Kenneth Branagh, le meilleur d’entre tous, qui va s’en occuper.

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