Miss Islande, d’Auður Ava Ólafsdóttir

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Je suis fascinée par les gens qui commencent un livre le dimanche matin et le terminent en début d’après-midi. J’en suis incapable. Tenez, par exemple, j’ai commencé Miss Islande en octobre et je l’ai terminé la semaine dernière. Je suis lente, d’accord, mais le confinement ne m’a pas aidée. Impossible de me concentrer sur quoi que ce soit pendant un mois et demi. Je n’ai pas délaissé Miss Islande par manque d’intérêt, loin de là. Auður Ava Ólafsdóttir est une autrice qui sait s’y prendre avec l’anxiété, son style d’écriture est tout à fait tranquille. Un remède. J’avais ressenti la même chose en lisant Rosa Candida (2010).

Islande, 1963. Hekla, vingt et un ans, quitte la ferme de ses parents et prend le car pour Reykjavík. Il est temps d’accomplir son destin : elle sera écrivaine. Sauf qu’à la capitale, on la verrait plutôt briguer le titre de Miss Islande.

Avec son prénom de volcan, Hekla bouillonne d’énergie créatrice, entraînant avec elle Ísey, l’amie d’enfance qui s’évade par les mots – ceux qu’on dit et ceux qu’on ne dit pas –, et son cher Jón John, qui rêve de stylisme entre deux campagnes de pêche…

Miss Islande est le roman, féministe et insolent, de ces pionniers qui ne tiennent pas dans les cases. Un magnifique roman sur la liberté, la création et l’accomplissement.

Collage que j’ai réalisé après ma lecture.

C’est la quatrième de couverture qui m’a fait acheter le livre et pourtant, maintenant qu’il est lu, je roule des yeux. Je la trouve bien trop grandiloquente pour ce que ce bouquin contient. Je m’explique.

C’est simple, c’est un roman simple écrit simplement. Hekla, l’héroïne et narratrice est le personnage le plus simple de cette histoire. Elle a un but, fait en sorte d’y parvenir, subit quelques détours parce qu’être une femme qui veut faire un « métier d’homme » en 1963 n’est pas facile, pas même en Islande, et c’est tout. Elle n’a pas vraiment de psychologie, elle s’exprime peu alors que c’est elle l’écrivaine. Elle ne côtoie que des gens qui ont l’envolée lyrique chronique : Ísey se plaint toujours de sa vie – mais avec lyrisme – et c’est normal, elle est coincée comme mère au foyer alors qu’avoir des enfants lui donne envie de crever. Jón John rêve d’ailleurs – mais avec lyrisme – et c’est normal, il passe sa vie en mer avec des rustres qui n’ont aucune bienveillance envers son homosexualité. Tout comme Hekla on les soutient et on rêve que leur vie s’adoucisse. Hekla, elle, ne parle jamais avec lyrisme. On ne sait pas ce qu’elle ressent et, d’ailleurs, on ne sait même pas ce qu’elle écrit.

Et puis elle rencontre Starkadur et c’est le drame. Lui, je vous jure que c’est un gros con. Monsieur se dit poète, monsieur est torturé, il a des fêlures et donc il traîne au café avec ses copains poètes aussi. Il m’a rappelé ces types d’une autre époque, les insupportables Goethe et Percy Bysshe Shelley, grands acteurs du romantisme du début du XIXe siècle : je ne vis que pour mon art, je suis amoureux de l’amour car c’est poétique et je me fiche finalement éperdument du monde qui m’entoure, et surtout des autres. Starkadur fait partie de cette clique et, en plus, il est misogyne. Toujours dans la représentation, jamais foutu d’écrire une ligne et il ne supporte pas qu’Hekla s’en sorte mieux lui. Mais Starkadur, tu n’es qu’un pauvre type, voilà la vérité.

C’est un roman résolument féministe. Aussi il aurait été intéressant que les éditions Zulma se penchent sur leur paradoxe :

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