L’Éternel, de Joann Sfar

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Il y a des sujets tellement prisés que tout le monde écrit dessus. Peut-être que certain·e·s se sentent obligé·e·s de le faire. En tout cas, les vampires, tout le monde aime ça. Moi la première, d’ailleurs. Enfin moi je n’écris pas dessus, je ne suis pas sûre d’en avoir envie. Mais j’aime bien lire alors je me jette sur le sujet comme la petite vérole sur le bas clergé, du coup je fais des conneries.

J’étais très emballée à l’idée de lire L’Éternel de Joann Sfar et le mot qui résume tout ce marasme est : chienlit. J’ai su dès les premières pages que ça allait être tendu mais je suis allée jusqu’au bout. C’est le premier roman de Joann Sfar, auteur de bande dessinée. Je le trouvais déjà relou sur les réseaux sociaux et ça s’est confirmé dans son écriture. Peut-être que ça n’a rien à voir avec son talent mais j’ai du mal à me rendre compte et je ne lirai plus jamais rien venant de lui. Au fil de ma lecture j’ai méchamment développé ma ride du lion, c’est fou de se regarder écrire à ce point. Un roman aussi pompeux relève de la performance ! C’est très bien d’avoir confiance en soi mais il faut songer à arrêter de s’embrasser l’épaule sur 455 pages, c’est infernal.

En plus, L’Éternel n’a rien de fou. Ça partait pourtant sur une base plutôt saine : Ionas et Caïn sont deux frères juifs d’Ukraine combattant pendant la Première Guerre mondiale. Il se passe quelque chose de mystique sur le champ de bataille, un premier vampire apparaît. Bon, il est là, il se pose quelques questions mais pas tant que ça non plus. Il sait qu’il est un vampire, il emploie le mot mais ne connaît pourtant rien de sa condition, ça manque un peu de logique. Et ça dure des pages et des pages. 245 pages plus loin on fait un bond dans le temps pour se retrouver à notre époque. Une nouvelle protagoniste débarque, elle est psychanalyste et on voit enfin le rapport avec la quatrième de couverture qui se veut très mystérieuse (une fois le roman lu, elle est assez pitoyable) :

Les vampires, ça n’existe pas. La psychanalyse, ça ne marche pas. On était vraiment faits pour se rencontrer.

OK, vu.

C’est un récit très pauvre. Il y a des idées mais elles ne sont pas exploitées. Joann Sfar nous fait d’abord croire que ses personnages sont dignes d’intérêt puis il les abandonne dans un coin. On ne sait pas ce qu’ils deviennent, ni pourquoi ni comment. On cite l’Éternel de temps à autre mais on ne sait pas vraiment qui c’est, est-ce que c’est D.ieu ? On m’a laissée sur le bord de la route, je me suis dit que je manquais de connaissance en histoire religieuse.

Sans surprise les personnages féminins sont des gros clichés sexistes. Soit elles sont top bonnes, soit ce sont des connasses jalouses. Quel ennui ! Mais alors le pire, c’est d’intégrer comme personnage secondaire H. P. Lovecraft. Le pauvre vieux ne sert à rien, c’est consternant.

Le pire (j’ai déjà écrit ça) est définitivement le vocabulaire employé. La légende raconte que Joan Sfar est tombé dans une marmite de mots compliqués quand il était petit et s’il ne les réutilise pas dans chaque paragraphe de son roman pénible, les étoiles s’éteignent. Il aurait voulu me prendre personnellement pour une demeurée qu’il ne s’y serait pas mieux pris, bien joué !

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