Je me félicite de continuer à lire régulièrement alors que je suis de nouveau au chômage. Je sais, ça n’a aucun sens. J’ai du temps pour créer de la dette alors je devrais avoir le temps de lire. C’est surtout une question de motivation et d’habitude. Je lisais énormément sur mon dernier lieu de travail car mon job de surveillante me le permettait et je faisais au moins quelque chose d’enrichissant. C’était un contrat compliqué mais maintenant que ce cauchemar est terminé, je suis contenu de poursuivre mes lectures même si le rythme est moins soutenu. Celles du moment sont un petit chaos, j’ai commencé plusieurs choses en même temps et j’ai du mal à m’organiser. Je veux tout terminer rapidement afin d’arriver à me consacrer à un livre à la fois (genre).
Sleeping Beauties, de Stephen et Owen King
Voici une valeur sûre que ce roman quand on aime Stephen King (je l’adore). Sleeping Beauties est une œuvre co-écrite avec son fils Owen, à qui on ne doit pour le moment qu’un recueil de nouvelles édité en 2005, We’re All in This Together, ainsi qu’un premier roman, Double Features publié en 2013.
L’intrigue ne se déroule pas dans le Maine et implique toutes les femmes : dès qu’elles s’endorment, elles produisent automatiquement un cocon qui les enveloppe entièrement et mieux vaut ne pas tenter de les réveiller. Personne ne sait ce qui leur arrive, aussi bien elles-mêmes que les hommes qui, évidemment, paniquent. C’est un long roman, 800 et quelques pages. Je ne me suis pas ennuyée mais il aurait sans doute pu être plus court, il y a des passages sans intérêt capital (et ça me fend le cœur de parler ainsi de mon auteur préféré). Je n’ai pas adoré ce roman mais je l’ai bien aimé quand même grâce à un sujet résolument féministe. Réaliste aussi, l’histoire et le caractère des personnages prennent en compte notre monde actuel et l’ancrage bien profond du patriarcat. Ici, les hommes se sentent systématiquement humiliés quand ils ont peur (ils ont l’impression d’être « une gonzesse« ) ou s’ils font quelque chose moins bien qu’une femme (la question du footing entre Clint et Lila, par exemple). Ils ont toujours besoin de prouver qu’ils ont une énorme paire de ballustines et que ces dernières sont nécessaires pour chaque action. D’ailleurs, ils prolongent tous leur pénis avec des tanks et des flingues, c’est extraordinaire (enfin non, c’est la réalité). Le personnage de Clint a beau faire partie des héros du roman, il n’est pas moins sexiste que ses congénères. Il confond sa vision de la masculinité avec la nature humaine, c’est-à-dire qu’il pense que la première fait forcément référence à l’usage de la violence, or il oublie que la violence n’a pas de genre.
Sleeping Beauties est un roman qui ressemble à un avertissement par le biais d’une métaphore. Habituellement, je déteste que des hommes parlent de féminisme à la place des principales concernées, on les voit déjà bien assez représentés comme ça environ partout. Pour autant, Sleeping Beauties reste à sa place et si le sujet est féministe, c’est une critique de la masculinité normative qui est à percevoir ici.
Objet trouvé, de Matthias Jambon-Puillet
Je suis bien embêtée car me voici bien mitigée après la lecture de ce roman. Si vous êtes sur Twitter, vous connaissez peut-être le twitto @LeReilly. L’auteur, c’est lui. Je le suis depuis quelques années et j’ai pu lire ses aventures éditoriales, ça m’a donc donné envie d’acheter son bouquin, sorti pour cette rentrée littéraire. J’ai achevé ma lecture assez rapidement puisqu’il fait moins de 200 pages et, si je l’ai trouvé bien écrit, plusieurs choses m’ont gênée au-delà de l’intrigue elle-même. C’est la suivante : Marc a disparu le soir de son enterrement de vie de garçon, laissant Nadège sur le carreau alors qu’elle est enceinte. On le retrouve trois ans plus tard, tout nu dans la salle de bain d’une femme en tenue légère mais en cuir, et morte un peu plus loin dans l’appartement. Le roman est donc une reconstitution.
Je ne connais pas du tout le milieu BDSM (ce n’est pas une confession). Je me suis donc mal vue juger cette question au fil de ma lecture. Toutefois, j’ai vraiment eu du mal à croire en l’élément déclencheur de la disparition de Marc. Disons qu’il aurait pu s’en aller une heure ou deux, pourquoi pas, mais là j’ai trouvé ça poussif. J’aurais aimé qu’on fasse l’effort de me convaincre. J’ai aussi noté quelques clichés et je trouve que la psychologie des personnages manque de profondeur. Autrement dit, j’ai trouvé ce roman trop lisse. Pour finir, et c’est peut-être un peu idiot de ma part, mais je n’ai jamais mis les pieds à Lyon et j’ai bien compris que l’auteur connaissait la ville comme sa poche, avait-il besoin de le prouver ?
Divertissant mais sans plus.