Je n’ai pas vraiment passé mon été à lire. C’est à priori la meilleure période pour tout un tas de gens, les vacances et le temps devant soi… Eh bien pas pour moi. Je déteste lire sur la plage (j’y vais souvent, j’habite à côté). Je ne sais pas comment m’installer, j’ai toujours mal aux coudes, je mets du sable partout. Le reste du temps, j’ai autre chose à faire, boire des bières ou réfléchir au sens de la vie en transpirant à grosses gouttes. Les vacances d’été sont aussi faites pour reposer le cerveau et casser la routine. Or, pour moi, lire doit être routinier.
Je vais vous parler de trois de mes dernières lectures. Trois autrices et trois livres qui ne dépassent pas les 200 pages car ces temps-ci, j’ai la flemme.
La Meute, de Sarah Koskievic
Elles n’ont ni le même âge ni les mêmes passions mais un lien indéfectible les unit. Elles n’ont rien à faire ensemble et, pourtant, elles traversent les décennies côte à côte, chacune à son rythme. Elles ont dû se résoudre à admettre que leur amitié n’est ni évidente ni facile mais qu’en bien des points elle surpasse toutes les histoires d’amour. Elles sont six : Olivia, Romane, Elly, Isadora, Louise et Rosalie. Vous allez les aimer. Vous allez aimer les détester. Elles sont la meute.
Sans la suivre, je savais qui était l’autrice avant la publication de ce roman grâce à son compte Twitter, je connaissais donc à peu près sa plume (elle est aussi journaliste). Pour commencer, je trouve la couverture vraiment hideuse. J’ai bien compris que l’illustration était une métaphore, c’est-à-dire la Sainte Trinité baise / alcool / coke, la grande gueule de l’héroïne et l’image véhiculée par son gang de copines, mais bon. Le résumé ne m’a pas plus convaincue, je déteste qu’on m’enjoigne à aimer détester un personnage, on n’est pas dans une émission de télé-réalité. Toutefois, ce qui m’a le plus embêtée avec ce roman, c’est que je l’ai trouvé bien trop court pour tout ce qu’il avait à dire. Je ne demande pas à lire des briques mais dans ce cas présent, le livre est superficiel. Sarah Koskievic nous présente six femmes, la moindre des choses serait que leur psychologie soit plus approfondie. Elles ne sont pas assez mystérieuses pour que ce soit assumé. Il n’y a qu’Olivia, l’héroïne (narratrice un chapitre sur deux), qu’on arrive à peu près à cerner et encore heureux. J’ai aussi été déroutée par la fin. C’est comme si l’autrice avait eu l’idée de cette scène dès le départ et que le reste de son roman était brodé autour. Ça m’a semblé tragiquement maladroit.
C’est dommage parce que j’ai bien perçu le talent d’écriture de Sarah Koskievic, elle ne laisse pas la place au hasard et peut-être qu’elle ne voulait rien de superflu. Ensuite, et c’est totalement personnel, je m’aperçois que je n’aime pas trop les romans très ancrés dans notre époque moderne. Je n’aime pas lire autant de références à notre quotidien technologique, musical, etc., sans savoir l’expliquer pour autant. Enfin, je dois dire que les clichés parisianistes m’insupportent. Même les quelques principes féministes reportés dans ce roman m’ont agacée, ils étaient fins comme du gros sel. Pas besoin d’être autant m’as-tu-vue, personne ici ne va retirer son badge à son autrice.
La Femme qui ressuscite, vies d’Anastasia Romanov, de Nadia Oswald
Février 1920. Une jeune fille se réveille amnésique dans le lit d’une clinique de Berlin après s’être jetée dans le fleuve. Le mystère autour de son identité commence, en même temps qu’une des plus grandes énigmes du XXe siècle. Est-ce Anastasia Romanov, la dernière survivante du clan Romanov épargnée par les bolchéviques ? Ou Anna Anderson, l’ambitieuse petite paysanne kachoube qui réussit, sa vie durant, à donner le change auprès des familles impériales de la planète en se faisant passer pour la défunte princesse ? L’héroïne reconstruit sa mémoire et son identité. Mais sont-ce bien les siennes ?
Un cauchemar. J’aurais dû faire attention à ce qui suivait le résumé sur la quatrième de couverture, il était écrit qu’il s’agissait du premier roman de son autrice « servi par une prodigieuse langue baroque », ce qui a totalement anéanti mon intérêt. Je vous parle d’un livre que je n’ai pas pu terminer tant c’était difficile. Un tel lyrisme m’est d’un ennui mortel alors oui, c’est une belle écriture, mais incompréhensible. Après toutes les lectures chiantes que j’ai dû me farcir au cours de ma scolarité, j’ai décidé d’arrêter ça. Nadia Oswald a passé les premiers chapitres que j’ai lus à faire des digressions poétiques très pénibles, c’était pompeux, lourd et nuageux, on dirait que l’autrice s’est regardée écrire. J’avais ressenti la même chose en ouvrant (et refermant aussi sec) mon seul et unique François Bégaudeau, L’ancien régime. La lecture est censée être un plaisir alors peut-être que je réessaierai un jour mais en attendant, je n’ai vraiment plus de temps à consacrer à ça.
La Lune est un roman, de Fatoumata Kebe
Le plus ancien calendrier lunaire remonterait à 18.000 ans, peint par les premiers artistes du paléolithique, à Lascaux. Au plus loin que porte la mémoire écrite des hommes, on parle de la Lune. Elle est à l’origine de tous les mythes, de toutes les religions. Elle est restée la même depuis que l’humanité existe. Permanente, rassurante, inquiétante aussi, la Lune change de forme, de couleurs, fait gonfler l’océan, pousser les plantes et danser les farfadets. Déesse ou dieu, on l’a depuis toujours vénérée, écoutée. La Lune parle, elle dit le temps. Le temps qui passe, le temps qu’il fait. Elle rythme et dirige la vie de l’humanité. La Lune est un roman.
Parlons enfin de choses sérieuses. Fatoumata Kebe est une tête, elle est titulaire d’un doctorat d’astronomie et d’un master de mécanique des fluides. Elle a également été formée au département d’ingénierie spatiale de l’université de Tokyo. Elle nous fume toutes et tous. Je voulais absolument ce bouquin après avoir écouté son autrice en parler sur France Inter car moi aussi la Lune me passionne. Ce livre est la base, il y a à l’intérieur tout ce qu’on doit savoir sur notre satellite. C’est un ouvrage de vulgarisation et pourtant Fatoumata Kebe m’a perdue plusieurs fois sur les passages techniques, je ne suis pas à l’abri de les relire (je ne suis pas une scientifique dans l’âme). On apprend tout ce à quoi la Lune est corrélée en physique, Histoire, mythologie, astrologie, etc. et les chapitres sont très courts. Le seul reproche que je pourrais faire à ce livre, c’est son style d’écriture. J’ai parfois eu l’impression d’être prise pour une enfant de 5 ans mais c’est sans doute nécessaire si on doit me parler de forces et d’attraction. Cela dit, sans avoir l’outrecuidance de me mettre dans les chaussures de l’autrice, il ne doit pas être évident d’expliquer des choses le plus simplement possible quand on a un tel bagage scientifique et que le sujet est si complexe. Au-delà de ça, ce livre est un excellent point de départ pour une curiosité lunaire !