De 2021 à 2022 avec du bleu entre les deux

Eh bien voilà, à peine le temps de battre des cils et nous voici l’année d’après… Quelle terreur. Non, vraiment, le temps qui passe m’effraie et je ne sais toujours pas comment endiguer cette sensation affreuse. Peut-être que si je dormais mieux… Enfin bref, nous sommes en 2022, ça n’a échappé à personne, et de ce côté on slalome toujours entre les covidé·e·s sans le choper. Je suis vaccinée, à jour, et je n’ai jamais été atteinte ni cas contact en deux ans, pourvu que ça dure ! J’ai la toux facile, je refuse d’être malade et de traîner cette sale et usée version de moi-même pendant des semaines.

Je réfléchis

Je ne vais pas faire un bilan de l’année passée parce qu’il me semble que je n’ai pas pris assez de notes. Je perds de plus en plus la motivation de bloguer. À cette annonce il y aura trois camps : celui qui va s’en foutre comme de sa première chemise, celui qui ironisera et le dernier, composé d’irréductibles dont je faisais partie, qui pourra compter une nouvelle tuée dans ses rangs. La vérité est que je cherche constamment la bonne formule. Je n’arrive plus à écrire des choses personnelles de façon brute, je ne suis plus cette chose de 20 ans sans cadre qui devait hurler sur tous les toits à quel point la vie c’est de la merde. J’ai désormais besoin de calme, de poésie, de créativité et de réflexion. Alors, ben, je réfléchis.

Vague de bleu

Le seul truc dont j’ai envie de parler, c’est du cyanotype. J’ai passé l’année à apprendre cette discipline en autodidacte et ça m’a plutôt réussi. Je ne suis pas sûre de réaliser le fait d’avoir persisté dans ce délire et d’en être contente, c’est un peu bizarre. Je suis une insatisfaite chronique, je vois toujours un cyanotype comme perfectible, je remarque des méchants détails qui auraient pu être évités mais j’ai aussi appris à lâcher du lest et à envoyer les épreuves que vous m’avez commandées telles qu’elles ont été réalisées. Je suis reconnaissante d’avoir reçu un aussi bon accueil. Je l’espérais, bien sûr, mais j’ai quand même été surprise. La grande majorité des commandes reçues provenaient de personnes que je connais d’une façon ou d’une autre : ami·e·s, potes et connaissances de la vie réelle ou des réseaux sociaux, et c’est énorme compte tenu du fait que je suis loin du marché de l’influence et surtout de la difficulté de convaincre le monde. Je me suis sentie soutenue et si vous ne m’avez pas donné votre argent, vous avez commenté, liké et m’avez encouragée, tout ça a de la valeur. Alors merci, beaucoup !

J’ai fermé ma boutique le 31 décembre, comme prévu, parce que je tiens à ne pas proposer les mêmes photos trop longtemps. Je veux me renouveler, même si je n’ai pas vraiment de stratégie. Je cherche encore un/mon style mais je sais ce que je ne veux pas faire, et je veux m’en tenir à la photographie pure et dure. À part quelques rares exceptions, j’ai arrêté de suivre de près comme de loin les travaux d’autres artistes du cyanotype. Je me compare systématiquement à celles et ceux que je trouve extraordinaires et je commence à souffler de lassitude face aux photogrammes de fougères et de plumes.

Comme j’écrivais plus haut, je réfléchis. J’ai un projet secret en cours qui me demande du temps et de la rigueur, et je ne manque pas d’idées mais entre leur petite place confortable dans mon cerveau et leur réalisation, il y a un sacré fossé. Alors oui, voilà, je réfléchis.

Je vous laisse avec mon premier cyanotype au format A4 que j’ai photographié et développé en novembre. Il s’agit du Concorde, le cinéma de quartier de La Roche-sur-Yon qui est abrité par un bâtiment singulier construit en 1976 et pensé par l’architecte René Naulleau. À la fois moderne, kitsch et futuriste, c’est un lieu qui fait l’unanimité par ici, nous aimons autant le contenant que le contenu. Je proposerai ce cyanotype à la vente à la réouverture de ma boutique (je n’ai pas encore de date à vous donner), vous l’aurez lu ici en premier.


Photo d’illustration : Kristopher Roller

Cet article a 2 commentaires

  1. Marie

    Salut Lucie ! Tu ne sais peut-être pas trop quoi écrire, mais moi je suis toujours contente de te lire (pour ce que ça vaut).

    > « La vérité est que je cherche constamment la bonne formule. Je n’arrive plus à écrire des choses personnelles de façon brute »

    Ça m’interpelle, cette idée qu’il existerait une « bonne formule » pour bloguer. S’il y en a une, alors c’est sûrement celle qui te permettrait de continuer à expérimenter et à t’amuser. Ça m’a fait plaisir de lire ça, d’ailleurs : « J’ai désormais besoin de calme, de poésie, de créativité et de réflexion. » Tu parles d’or.

    Du reste, personne n’attend un truc prédéfini de toi, je pense. L’intérêt d’un blog perso c’est, euh, qu’il est personnel et qu’il ne ressemble qu’à toi. Donc s’il évolue, c’est normal. Et même si un jour tu décides de le fermer, c’est ton droit le plus souverain. Sens-toi libre de faire absolument ce que tu veux sur cet espace (j’insiste un peu sur ce point car en te lisant j’ai eu l’impression que tu hésites entre plusieurs trucs : ce à quoi tu aspires et ce qui te ferait plaisir, versus ce qu’a pu être ton blog à une époque).

    Et puis il y a un temps pour tout. Tu ne trouves pas que quand on commence à manipuler le papier et les différents médiums et liquides propres à nos disciplines artistiques de cœur, le reste n’a plus vraiment d’importance ?

    Peut-être que ta pratique bleutée te permet d’exprimer et de satisfaire quelque chose que l’écriture ne t’apporte pas, ou plus, en tout cas pas en ce moment. Et c’est bien aussi comme ça. Ce sont les multiples reflets de ta belle personnalité. Je te souhaite de continuer à créer aussi longtemps que cela te fait du bien !

  2. Lucide

    Hey !

    Je ne crois pas qu’il existe de bonne formule, du moins rien d’universel. Je dois avoir cette constante façon de chercher un truc qui n’existe pas, c’est peut-être même l’histoire de ma vie. Et je transpose ça dans tout et n’importe quoi. En tout cas je me suis toujours réservé le droit de supprimer, réactiver, corriger et réécrire des articles de blog avec une certaine détente. J’ai commencé 2022 avec radicalité, je n’ai gardé que ceux qui parle de cyanotype.

    Quand j’écris que je cherche mon style, je pense que ça fait écho avec ce que tu me dis. J’aimerais réussir à m’exprimer pleinement à travers le cyanotype alors c’est probablement à ça que je réfléchis. Je n’ai toutefois pas envie de renoncer à l’écriture mais j’aimerais la rendre plus créative, elle aussi. De toute façon l’art et la créativité sont faits de tâtonnements, il suffit, j’imagine, d’accepter le temps que ça prend…

    Merci pour ton commentaire chère Marie, toujours une inspiration ! J’ai d’ailleurs écrit ce billet après avoir lu ton bilan de l’année dernière, tu n’es pas étrangère à mes sursauts de motivation… 🙂

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