La plus grande frustration de mon adolescence a été de ne pas pouvoir me déplacer aux concerts qui me faisaient rêver. Je vivais à la campagne sans un rond et mes parents ne se sentaient pas spécialement concerné·e·s. En témoigne la tournée de David Bowie il y a une quinzaine d’années. Il a joué à Bercy en 2003. Je l’écoutais beaucoup et depuis peu de temps, il m’était douloureux d’envisager de le voir en concert à ce moment-là. J’avais 17 ans, j’étais une grande fille, mais mes moyens étaient limités. David Bowie n’a jamais refait de tournée, aujourd’hui il est mort et moi je l’ai dans l’os. J’ai malgré tout eu ma petite vengeance sur la vie puisque j’ai consacré un certain temps à rattraper mon retard une fois majeure. Petites et grandes salles, parisiennes ou non, quelques stades, des festivals, des groupes énormes et des plus confidentiels, j’ai même réussi à voir des artistes qui sont morts quelques années après (quel cynisme). Maintenant que je suis trentenaire, je me suis calmée. Je ne vais plus à Paris et je déteste profondément les stades, ça me fatigue. Je préfère les petites salles sympas (et qué s’appelerio vieillir).
Non seulement je n’ai plus aucun frein pour aller voir un concert (enfin si, le fric, ça ne change pas), mais en plus, je me paie le luxe d’aller voir des artistes plusieurs fois. Un exemple au hasard, KT Tunstall que j’ai vue trois fois à Paris il y a quelques années (la dernière remonte à 2011). Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir au pied du dernier sapin en date une place pour remettre ça… à Londres. C’était le 25 mars.

London Calling
J’aime vraiment beaucoup Londres, j’y suis allée plusieurs fois, c’est toujours un plaisir. Le concert de KT Tunstall s’est passé à la Roundhouse qui se situe à Chalk Farm, juste à côté de Camden Town. C’est littéralement une rotonde construite au milieu du XIXe siècle et qui a servi de dépôt de locomotives avant d’être abandonnée. Classé monument historique en 1954, le lieu a retrouvé une jeunesse dix ans plus tard quand il a été transformé en salle de spectacle. Elle compte 3.300 places debout et 1.700 assises, elle remplit donc mon cahier des charges et, en plus, elle est trop belle.
On s’y est rendu à pied parce qu’on logeait à Camden, on est arrivé·e ni trop tôt ni trop tard, on s’est retrouvé·e tout devant, c’était parfait. Je m’apprêtais à voir le concert de ma chanteuse préférée accompagnée d’un groupe exclusivement féminin. S’il y avait bien une tournée à ne pas louper, c’était celle-ci.
Laurel et Gorran en premières parties
Il y a eu deux premières parties. D’abord le chanteur Gorran que j’ai un peu subi. Il a sûrement beaucoup de talent mais j’ai surtout eu l’impression de l’entendre geindre pendant une demi-heure sur ses amours perdues, j’ai manqué de patience.
Ensuite est arrivée Laurel. J’ai eu du mal à me réjouir parce que je l’avais déjà vue en festival il y a deux ans, elle était seule sur scène avec sa guitare et c’était d’un ennui profond. Maintenant que je l’ai vue avec son groupe et un set électrique, ça m’a semblé plus déterminé et j’étais soudainement convaincue. C’est aussi ça le London calling.

Celle pour qui je suis venue
« Are you ready to kick Monday up the arse ? » nous a demandé KT Tunstall en arrivant sur scène. Oui, on était lundi et c’est un jour qui mérite de se faire botter le cul. Il y avait tellement de paillettes et de lamé sur scène, j’étais extatique. À côté de ce que j’avais devant les yeux, les Spice Girls de mes 11 ans semblaient bien fades.
L’album WAX est plus rock que ce que KT Tunstall produit d’habitude et si elle a toujours une bien belle collection de guitares et d’effets, il fallait s’attendre à se prendre un mur de son en plein visage. En tout cas c’est ce que je voulais vraiment et c’est ce que j’ai eu. Elle a joué toutes mes chansons préférées, y compris des anciennes, et nous avons tou·te·s communié sur The Night That Bowie Died. À un moment, KT Tunstall a fait servir des shots de whisky aux premiers rangs ainsi qu’au reste du groupe parce que c’était l’anniversaire de sa bassiste, Mandy Clarke.
Alors c’est donc ça le paradis ? L’expérience valait le coup et je retourne à Londres quand vous voulez.
