La 14e édition du festival de musiques extrêmes du coin s’est déroulée le weekend dernier. C’est la deuxième année de suite que je m’y rends sous les couleurs de mon émission de radio (allez jeter un œil dans le pied de page). Le projet était d’aller à la rencontre des festivalières pour récolter leurs impressions quant à la diversité de la programmation mais aussi pour savoir pourquoi elles viennent au HellFest et depuis combien de temps. Je vous invite à écouter le résultat.
La place des femmes au HellFest
C’est un vrai sujet. Saviez-vous que pour l’édition 2019, sur la totalité des groupes programmés, une petite vingtaine de musiciennes seulement étaient présentes contre plus de 700 musiciens ? Interviewés l’année dernière à ce propos, les organisateurs justifient le choix de la qualité et pensent qu’il y a, de toute façon, plus d’hommes que de femmes dans ce milieu. C’est sûrement vrai et ça me bute. Il y a toutefois de plus en plus de femmes à jouer et de plus en plus de groupes exclusivement féminins. Il y a aussi énormément de femmes fans de metal, ne les oublions pas. Cependant, sur environ 160.000 personnes à fréquenter le festival sur les 3 jours, 75 % sont des hommes et 25 % sont des femmes. Les choses évoluent, je reste optimiste même si j’aimerais que ça aille plus vite. En tout cas, cette année, le groupe lauréat du tremplin The Voice of Hell est composé de quatre femmes, les Fallen Lillies.
Retour d’expérience
Je suis venue au HellFest la toute première fois en 2007 (c’était la deuxième édition et ça s’est passé sous la flotte), puis en 2011. J’y suis ensuite retournée l’année dernière et j’ai été impressionnée par les nouveautés. Mes souvenirs étaient soudainement bien fades ! Tant d’hectares, tant de scènes, tant de groupes, tant de propreté, tant de beauté… Je suis plutôt introvertie et je déteste la foule, le bruit, la chaleur et la poussière, mais au HellFest ça va. Je n’ai croisé que des gens de bonne humeur, polis et gentils, je me suis surprise à discuter avec des inconnu.e.s, même furtivement. Enfin ça, c’était avant. Cette année, une jeune femme a été violée. Je ne peux pas dire que ça me surprenne. A vrai dire, j’étais plutôt étonnée de me sentir en sécurité au fil des années. Étonnée mais ravie, le HellFest était-il une terre de bienveillance ? Ouf, non, c’est bon, on peut y être agressée sexuellement comme partout ailleurs, j’ai eu peur. Sans faire de raccourcis faciles, si je n’ai moi-même subi aucun outrage, j’ai bien vu comment mon accompagnante s’est facilement pris des réflexions par des morts de faim, tout aussi gentils soient nos amis les métalleux. Ça va du scannage complet du corps aux réflexions lourdingues (entre autres de la part du staff parce que pourquoi pas), en passant par les demandes de rapprochement physique. On peut donc relativiser le civisme des 75 %.
Bilan musical
• ME FIRST & THE GIMME GIMMES : j’ai découvert sur place ce groupe de punk californien qui existe depuis 25 ans mais je n’aime pas trop le punk, je ne pouvais pas savoir. Cela dit, ce concert était très cool. C’est un cover band et chaque membre portait une belle chemise jaune tirant sur l’or, ça a mis du soleil dans mon cœur. Il y avait une femme à la guitare qui, à priori, venait de débarquer dans le groupe mais je n’arrive pas à trouver des informations sur elle. Bref, je les réécouterai très certainement, ne serait-ce que pour leur formidable reprise d’Uptown Girl.
• SUM 41 : la dernière fois que j’ai écouté ce groupe, ça devait être à cette époque où on achetait des singles physiques et tout le monde trouvait ça normal. Je possédais donc celui d’In To Deep. Finalement, j’ai aimé le punk à un moment de ma vie mais j’ai complètement arrêté après 2001. Je m’attendais à des vieux mecs sur le retour très imbibés et en fait non, c’était vraiment bien. Deryck Whibley était super content d’être là ! Nous aussi, du coup.
• ZZ TOP : je ne crois pas que je serais allée volontairement un jour à un concert de ZZ Top mais le fait d’être sur place en même temps qu’eux m’a vraiment emballée. Ces vieux barbus sont un souvenir d’enfance et des chansons sues par cœur, une petite madeleine de Proust. Je ne suis pourtant pas fichue de citer un seul titre d’album, j’ai simplement en mémoire du blues, des guitares en peau de lapin, le Hot rod et leur passage éclair dans Retour vers le futur III. C’est kitsch mais kiffant.
• KISS : ce concert était plus que formidable. J’ai lu quelques critiques négatives que je ne comprends pas, faut-il être une réelle fine bouche pour ne pas s’apercevoir de la générosité d’un tel show (qui, certes, ne se renouvelle pas beaucoup à priori, mais bon). J’aime beaucoup Kiss, ce groupe est la parfaite incarnation du rock que j’adore. Je ne m’attendais pourtant à rien de particulier. J’ai soudainement eu 5 ans de nouveau : une arrivée du groupe par les airs, des effets pyrotechniques incessants, Gene Simmons qui crache du sang, des feux d’artifices, des confettis, des serpentins, mon idole Paul Stanley et sa tyrolienne (alors qu’il a 67 ans et a été opéré de la hanche, quel don de soi), je n’avais pas besoin de plus. Ah, si, un fabuleux « Kiss loves you HellFest » sur chaque écran géant entourant les mainstages avec un nouveau feu d’artifice par-dessus. J’ai été conquise, ça a été le meilleur moment de mon weekend. Je les aime trop.
Le reste en bref
J’ai trouvé le concert de Mass Hysteria intéressant mais presque trop militant, ça m’a saoulée (étonnant, je sais). J’ai rapidement vu Dropkick Murphys, au moins jusqu’à ma chanson préférée, et puis après, c’est vrai que c’est souvent pareil. J’ai découvert Fu Manchu qu’il faudra que j’approfondisse parce que l’ambiance full 1970’s m’a attirée (très). J’ai dîné pendant Ultra Vomit, déjà vu deux fois mais c’est toujours un régal. Je n’ai définitivement aucun intérêt pour la musique de Gojira mais je reconnais volontiers leur perfection sur bien des points. Et puis Within Temptation attendrit toujours mon cœur en me rappelant mes 20 ans.